ROUEN: Conseil Municipal du 6 juillet 2012
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Election du nouveau Maire et de l’exécutif de Rouen

Intervention de politique générale de Jean-Michel BEREGOVOY

 

Madame le Ministre, mesdames et messieurs les élus,

Nous vivons notre 2ème élection d’un maire dans notre mandat. Certains évoquent la continuité, d’autres un scénario sans surprise. Le groupe des élus EELV veut apporter son analyse sur cette situation exceptionnelle et qui fait beaucoup parler à l’extérieur mais aussi à l’intérieur de ces murs.

La légitimité du changement n’est pas remise en cause. C’est normal lorsque un maire est appelé à des fonctions ministérielles qu’il ne soit pas, comme ça été trop souvent le cas dans le passé, en situation de cumul avec un mandat local. Et d’ailleurs permettez-nous de féliciter Valérie Fourneyron pour sa nomination au gouvernement.

Pour autant, nous serons très vigilants sur la position du gouvernement et le comportement des élus de tout bord, et tout particulièrement de la majorité présidentielle au moment du débat sur la loi dite de mandat unique.

Non la situation n’est pas anodine

Non madame La Ministre, non mesdames et messieurs les élus, la situation n’est pas anodine. Par la nature même de celui qui est appelé à exercer les fonctions durant les 2 ans de mandat qui nous restent.

Au delà des qualités politiques et humaines d’Yvon Robert pour lequel à titre personnel j’ai de l’amitié, il a été néanmoins battu aux élections municipales de 2001 et pour beaucoup il y a là un manque de légitimité, non quant à ses capacités, mais par rapport à l’acte démocratique que représente l’élection du Maire.

La situation de la majorité n’est pas plus anodine. En effet, chacun est en droit de savoir qu’aucune concertation entre les groupes de la majorité n’a été mise en place pour réfléchir à ce que nous ferons et comment nous le mettrons en oeuvre dans le temps qui nous sépare des prochaines élections municipales de 2014. Aucune discussion entre les différentes composantes, pas de stratégie concertée et coproduite.

Seulement une continuité autoproclamée et que certains pourraient qualifier de façade.

La situation politique de notre Ville

Rappelons la situation politique dans notre ville. Il y a plus d’un an les élus écologiques étaient contraints de démissionner de l’exécutif de la ville devant l’intransigeance du Maire et des élus de son parti sur le cas de Guillaume Grima qui aurait soit disant mis en péril les services de la Ville de Rouen.

Or que constatons-nous depuis un an en ce qui concerne les services de la Ville ?

Grèves des personnels des écoles et des cantines, grève des personnels des bibliothèques, mal-être de nombreux salariés dans la plupart des services de notre municipalité.

Nous avons pourtant mis en garde sur la réorganisation du personnel et de la réorganisation spatiale. En vain. Et aujourd’hui ce sont les parents d’élèves et les enseignants d’une école de note ville qui sont présents à ce conseil municipal pour contester la suppression d’un poste d’ATSEM. Chacun sait ici le mécontentement qui monte au sein des conseils d’Ecole et nombreux sont les élus qui sont aujourd’hui en grande difficulté face à la communauté éducative faute d’informations et de résultats.

C’est la méthode qui laisse un goût amer

Non la situation n’est pas anodine et si comme j’ai pu le lire le scénario ne surprend personne, encore une fois c’est la méthode qui laisse un goût amer.

Yvon Robert, dans les colonnes d’un quotidien régional, a confessé après la dernière élection municipale, qu’il s’était trompé de stratégie en 2001, notamment dans sa gestion des écologistes.

Après l’échec de son projet de bétonner la zone humide protégée de Repainville pour y implanter un magasin de bricolage, il a alors tenté de diviser les écologistes à Rouen.

Pourtant aujourd’hui, alors même que nous sommes ensemble au plus haut niveau de l’Etat à gouverner la France, aucune proposition sérieuse n’est venue des rangs des socialistes pour retrouver la sérénité entre nos deux formations. Alors on nous rétorque que des groupes de travail ont été mis en place pour évoquer les projets municipaux. La belle affaire !

Heureusement, nous sommes encore dans la majorité, nous avons d’ailleurs largement contribué à la victoire il y a 4 ans et nous avons beaucoup apporté tant dans le projet que dans sa mise en place, mais aussi lors des différentes crises qui ont émaillé le mandat municipal.

Oui, beaucoup reste à faire tant sur la méthode que sur le fond. Il ne suffit pas de mettre « Agenda 21 » sur quelques délibérations pour comprendre les enjeux écologiques du XXIème siècle. Nous le verrons dans quelques minutes – les pessimistes diront dans quelques heures – sur les sujets aussi importants que la Luciline, le stationnement ou l’avenir du quartier de la Grand’Mare. De la même façon, chère Valérie, il ne suffit pas d’être nommée ministre des Sports, de la jeunesse, de l’Education populaire et de la Vie associative pour faire oublier l’état catastrophique d’une bonne partie de nos équipements sportifs et la grande difficulté devant laquelle se trouvent tant d’associations rouennaises. Et à l’heure où je m’exprime je ne peux oublier la fermeture d’un centre social sur la Châtelet au coeur des Hauts de Rouen, sous notre mandature. Comme je ne peux pas passer sous silence la construction du palais des sports de la CREA à plusieurs dizaines millions d’euros d’argent public et le contrat de naming avec l’entreprise Ferrero qui a donné le nom de Kindarena non seulement à la structure mais également à la station TEOR. Ce qui est insupportable.

Et que dire de la plainte de la Ville contre les militants du DAL ? Elus de gauche, nous devons articuler nos actions et nos décisions avec le mouvement social notamment quand celui-ci lutte pour des droits fondamentaux. Bien que Rouen soit la Ville centre et que notre majorité ait beaucoup travaillé pour apporter une réponse cohérente en terme de logement social sur tout le territoire communal, ce sont toutes les communes mais aussi la CREA et le Conseil général qui doivent apporter plus fortement leur soutien à la lutte contre le mal logement. Mais ici quel signe donnons nous à la société avec cette plainte au moment même où le gouvernement essaye avec Cécile Duflot de mettre en place une autre politique avec notamment le blocage des loyers qui touchera 68 communes de notre région dont Rouen.

Oui cette situation d’aujourd’hui n’est pas anodine et ne doit absolument pas être la continuité, sinon cela voudrait dire que Yvon Robert ne serait pas vraiment le Maire.

 

Des choses doivent changer et vite

Nous avons proposé un plan d’urgence pour les écoles, crèches et gymnases de Rouen ainsi qu’un renforcement de la politique de rénovation thermique des bâtiments de la Ville. Nous demandons une révision du PPI vers plus de proximité et plus d’équité tout en relevant les défis de ce début de siècle. Nous attendons désormais des actes forts.

Cette attente nous la partageons désormais avec bons nombres de rouennaises et rouennais.

Oui nous le comprenons toutes et tous, ni continuité ni situation anodine, mais au contraire nous devons profiter de ce moment pour faire évoluer nos pratiques et nos politiques publiques. Oui notre ville est en difficulté financière. Les élus écologistes ont assumé l’augmentation des impôts locaux, comme nous avons refusé de voter l’accord avec RBS pensant qu’il fallait à l’instar de la Ville de St Etienne créer le rapport de force. En effet ce mercredi la ville de St Etienne a remporté une nouvelle manche dans son combat contre RBS et pourra continuer à ne pas payer les intérêts qu’elle doit à la banque en attendant un jugement sur le fond. La cour d’appel de Paris a en effet confirmé le jugement, rendu en 1ère instance, en novembre dernier favorable à la collectivité. RBS, qui a assigné la ville de St Etienne pour exiger le paiement des intérêts le paiement des intérêts de deux swaps souscrits en janvier 2007, avait déjà été déboutée de sa demande par le Tribunal de Grande Instance de Paris.

Ces difficultés sont réelles et risquent de perdurer. Et dans ce contexte, il est légitime et finalement obligatoire de revoir une copie qui s’est écrite il y a 4 ans dans un autre temps.

Nous attendons une volonté de changement

Nous attendons de vous, Madame la ministre, et vous Monsieur Yvon Robert, puisque vous serez élu maire dans quelques minutes, cette volonté de changement, de rééquilibrage, de mutualisation et de co-production. Tout ce que nous défendions ensemble au sein de la liste Rouen motivée. Oui, la confiance est à reconstruire et ce sera long et difficile. L’expérience gouvernementale plaide plutôt pour la méfiance.

Comment ne pas évoquer ici le renoncement de l’exécutif devant les pétroliers notamment en mer de Guyane. Comment ne pas faire le lien parfois y compris dans notre Agglomération ou dans notre Ville avec les DSP que nous mettons systématiquement en place notamment concernant le chauffage urbain, aujourd’hui sur la Luciline, demain sur les Hauts de Rouen. Alors que nous savons combien ce sujet est fondamental pour nos concitoyens qui ont trop longtemps été surfacturés par des entreprises que je qualifierai de « voyou ».

Comment ne pas évoquer la situation à la Grand’Mare avec certains bailleurs sociaux qui ont acheté des parts importantes du parc public de logement social sans assumer les réhabilitations de qualité qui auraient pu éviter les drames que l’on a connu ces dernières années, ou encore cet autre bailleur qui se refuse de répercuter la baisse de 17,5% des charges pourtant négociée entre les Villes de Rouen et Bihorel et le délégataire fournisseur du chauffage sur ce secteur de notre Ville.

Oui beaucoup reste à faire pour transformer la politique. Les écologistes parlent souvent du penser global et agir local. C’est ici, au plus près de nos concitoyens, dans nos quartiers, nos rues, nos écoles, nos crèches, nos gymnases que les gens attendent des améliorations de leur vie au sein d’un environnement protégé et respecté.

Nous voterons pour Yvon Robert car nous sommes dans la majorité et nous assumons un choix qui n’est pas le nôtre mais qui est celui du groupe le plus important de notre majorité. Par contre nous ne participerons pas au vote de l’exécutif et nous nous inquiétons du manque de transparence et l’impression d’impréparation au sein du groupe PS sur la redistribution d’une partie des délégations d’Yvon Robert.

Oui, nous restons malgré tout motivés pour porter ensemble un projet rééquilibré en assumant pleinement nos différences. Ces quatre dernières années nous avons su agir concrètement pour la transformation de notre Ville, comme par exemple avec le retour en régie des cantines scolaires, quand nous avons fait ensemble un travail de synthèse à partir de nos positions respectives. Et c’est bien cela qui est en jeu ici, cette exigence démocratique qui rompt avec les discours convenus. Il faut accepter la différence, et non pas feindre de l’ignorer, elle nous renforce, elle améliore notre vision de la société. Si nous arrêtons de l’entendre, ce serait le silence et je ne souhaite pas cela à notre majorité.