Communiqué du 4 octobre 2021 : Pour un engagement fort sur la sécurité industrielle
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Le 21 septembre 2001 à 10h17, le hangar 221 de l’usine AZF de Toulouse explosait provoquant le décès de 31 personnes, des milliers de blessés et de fortes destructions dans toute la Ville Rose.

10 jours seulement après les attentats du 11 septembre, les caméras du monde sont braquées sur Toulouse. Malgré un contexte de peur terroriste, les enquêteurs se tournent rapidement vers un accident industriel.

Les experts parlent d’une association de nitrate d’ammonium et de chlore corrélée à une forte humidité. Toutes les conditions sont réunies pour générer une explosion massive. L’enquête évoque une erreur d’appréciation de la nature de poussières nettoyées dans un hangar et transférées dans un autre.

AZF est alors gérée par Grande Paroisse, filiale du groupe Total. Il faudra attendre 3 procès et presque 16 années pour voir Grande Paroisse condamnée pour négligence. La Justice confirme que cet accident est un accident industriel dû aux conditions d’exploitation de l’usine AZF.

AZF est revenue à la mémoire des Français en 2020 lors de l’explosion d’une réserve de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth au Liban provoquant plus de 200 décès. Par la suite, le gouvernement commande et reçoit un rapport sur la gestion du nitrate d’ammonium en France.

Rouen figure dans la liste des ports d’exportation et d’importation de Nitrate d’ammonium avec une société productrice, Boréalis. Le rapport pointe le manque de connaissances liées aux risques de manutention et de stockage de ce produit. Les populations locales sont également peu informées de la nature des risques.

Par ailleurs les obligations réglementaires ne sont pas totalement suivies : les conseillers à la sécurité en charge des moyens de prévention établissent des rapports annuels sur l’état du stockage et de la manutention de ce produit. Ces rapports ne sont pas toujours portés à la connaissance des capitaineries, en charge de la sécurité des ports.

Le 4 octobre prochain, la Métropole Rouen Normandie organisme dans le cadre du forum pour la résilience une table ronde intitulée « les villes face aux catastrophes : comment se relever ? ». Ce serait donc la solution : attendre que les collectivités territoriales organisent colloques, débats et discussions sur la question des risques industriels où l’on peut collectivement espérer que rien ne sera occulté et que nous serons réellement mis à l’abri des conséquences de tels accidents dans notre vie quotidienne, notre santé et celle de nos enfants.

Est-ce réellement suffisant ?

EELV Rouen demande à ce que les autorités compétentes locales et l’Etat s’assurent du respect complet des réglementations. Nous demandons une plus grande transparence sur l’état des stocks, de la production et sur la circulation de ce type de produit par les voies fluviales, maritimes et routières passant dans la Métropole.

Par ailleurs, nous appelons l’Etat et les collectivités locales à promouvoir une agriculture sans nitrate d’ammonium, utilisé comme ingrédient pour l’obtention d’un engrais azoté. Couper le risque à la source reste la meilleure solution, profitable aux riverains des usines et des axes de transports, aux consommateurs et aux terres arables. Il en est de même pour les agriculteurs pas toujours bien informés des risques de stocker ce produit dans leurs hangars.

Le changement de société ne repose pas sur une interdiction du produit mais sur une rapide bascule vers une autre agriculture et une autre industrie. La sécurité industrielle ne suffit pas, AZF et Lubrizol l’ont malheureusement démontré.

Valentin Guiou, secrétaire et porte-parole du groupe local EELV Rouen